Quand on
dit qu’une décision prise est « définitive », cela veut dire qu’on n’y reviendra
pas, qu’elle est « arrêtée ». Notons le caractère fixe du mot. Il est
hors de question d’en discuter à nouveau. « Définitif » s’oppose donc à
«révisable » ou « modifiable » dans le temps. On dira qu’une décision politique
n’est pas définitive, car il est entendu que l’on peut en rediscuter. Bref, ce
qui est révisable n’est pas absolu, (R) mais relatif. Il y a une autre idée
intéressante: ce n’est pas un hasard si le terme de « définitif » est employé
pour
parler de la mort. Un médecin dira que la désagrégation des fonctions
vitale d’un patient est « définitive », ce qui veut dire qu’il n’y a plus guère
d’espoir de le ramener à la vie. L’idée est donc qu’il existe des processus
temporels irréversibles contre lesquels nous ne pouvons rien.
Pas simple de faire un lien avec la vérité. La vérité n’est pas une chose ni une décision plus ou moins arbitraire. La décision politique, la décision humaine en ce qui concerne tel ou tel domaine, est un aspect, un autre aspect est l’ordre de la vérité. Si je dis qu’il fait un temps magnifique dehors, c’est vrai maintenant. Reste que les nuages s’amoncellent et que dans une heure il y a de fortes chances qu’il y ait un orage. Je ne peux pas tenir sur la météo d’affirmations définitives car l’objet sur lequel porte le jugement change tout le temps, donc le jugement doit aussi changer. Pourtant au moment où l’observation est faite, pour l’observateur qui l’a faite, « il fait un temps magnifique » était vraie. Il y a dans la vérité de fait un caractère définitif qu’il ne faut pas négliger. On appelle révisionnistes en histoire ceux qui nient des faits avérés et il existe même des sanctions pénales à ce sujet. On voit mal d’autre part comment les vérités établies en mathématiques pourraient changer. Si vous dites : « à partir d’aujourd’hui 2+3=6 » vous dites une ânerie et vous passez pour un imbécile. D’où la pertinence de la question y a-t-il des vérités définitives ? On voit qu’en fait c’est ce terme de « définitif » qui fait problème et qu’il faut clarifier.
* *
*
Commençons par là. Dans quelle mesure le terme de « définitif » est-il justifié, accolé à la vérité ? Il est important de discerner l’usage disons coup de poing des affirmations à caractère définitif et le sens qu’il convient de donner au caractère définitif de la vérité.
1) Le premier domaine concerné est bien évidemment celui des opinions. Une opinion est un avis sur quelque chose. Un avis personnel ou un avis qui est dans l’air du temps et que je répète parce que je l’ai entendu dire. En effet, à y regarder de près ce qui s’exprime dans les opinions, c’est la plupart du temps du réchauffé. Ce qui relève de la « connaissance par oui-dire », le premier genre de connaissance selon Spinoza. Nous avons vu dans le même ordre ce que Platon entend par ortho doxa, l’opinion droite. L’affirmation qui tombe juste, mais ne possède pas clairement les raisons qui la justifient. Ce qui ressort des analyses précédentes, c’est qu’il vaut mieux dans le registre de l’opinion conserver une certaine prudence en sachant qu’après tout une opinion ...
Donc quand j’émets
une simple « opinion » sur quelque chose, c’est une
affirmation peu solide, il est très difficile de penser qu’elle ne puisse pas
changer ultérieurement. Il y a une expression commune qui dit qu’il n’y a que
les sots qui ne changent pas d’avis.
Un esprit bourré « d’opinions définitives », qui ne serait pas capable, même si
on lui met les faits sous le nez, de changer se position, alors qu’il est
manifestement en présence du contraire de ce qu’il avance, est quasiment…
irrécupérable ! L’intelligence suppose une grande souplesse et une
aptitude à la remise en question des opinions… y compris les siennes dans
la mesure où on s’est trompé. Pouvoir l’admettre est humilité.
Il y a une vertu de
l’intelligence
à au moins être capable de s’avancer en disant : « je n’en sais rien ». Avouer
son ignorance au lieu de s’accrocher à
une opinion, à une pensée que nous n’avons re-pensé par nous-même. Donc,
avant d’affirmer en l’air et bien trop vite, repense tes pensées et que tes
paroles ne soient plus du bavardage ou un simple
faire-valoir! Entre personnes sensées,
réfléchies et informées
on peut avoir des échanges très fructueux. C’est ce qui est magnifique dans la
communication. De quoi être enrichi l’un et l’autre
par l’échange et se débarrasser des « opinions définitives » que l’on croyait
avoir. Et en plus, contrairement à l’échange
marchand, personne n’y perd.
Donc la formule « opinions définitives » est un oxymore. A la rigueur, « convictions définitives » aurait un peu plus de sens. Une opinion est très peu ou pas du tout assortie de raisons solides. Si elle l’était, elle serait une conviction fondée et réfléchie. Mais là encore nous sentons bien que « convictions définitives » sonne curieusement. De manière très rigide. Trop rigide. Elle a un sens comme attachement à des valeurs que nous n’avons jamais renié. C’est le cas de la foi pour le fidèle d’une religion. Il pourra dire que ses convictions sont définitives. Il y a des hommes politiques qui font de leur profession de foi dans leurs valeurs une adhésion définitive. Pourtant, nous savons aussi qu’avec une connaissance plus approfondie, les convictions forgées à une époque de la vie ont le temps de mûrir, de se nuancer dans un point de vue plus élargi. Nous pouvons changer et mûrir sans nous renier sur le fond.
Déplaçons-nous maintenant à l’étage des croyances collectives. Sur le registre des mœurs, nous avons vu que, s’il y a un constat empirique solide que l’on peut faire, c’est que les mœurs changent d’époque en époque. Nous l’avons vu avec l’exemple du bourreau et de la sorcière. De fait, sous le regard de l’histoire, nous voyons bien qu’il n’existe pas de morale « définitive ». D’où l’importance d’une perspective claire sur le changement des mentalités.
Nous pouvons en dire autant de tout le fatras du prêt-à-penser qui est déversé dans les médias en permanence. Qui ne fait qu’apparaître pour disparaître très vite. Bizarrement à chaque époque et surtout dans la jeunesse, les hommes ont tendance à croire que la « vérité » de leur génération est « définitive ». Ils se comportent comme si leurs croyances collectives étaient inamovibles, tout simplement parce qu’elles sont à la mode et que tout le monde les répète. Les années passent et nous revenons au même constat : ce dans quoi nous avons cru un temps sous l’influence des modes, et y compris des modes intellectuelles, a profondément changé. Avec le recul historique c’est très impressionnant. « A l’époque on croyait tous que… » : formule que chaque génération peut s’approprier sans ménagement. Indication très sûre que nous pourrions aussi bien vivre dans l’illusion.
Il est d’usage de
servir à ce propos d’un poncif archi usé : « autrefois les gens pensaient que la
Terre était plate »… « aujourd’hui nous savons que la
Terre est ronde ». C’est tonique
et ronflant !
... nous
sommes tous dans le même cas de figure que les partisans de la Terre plate. Les
chrétiens du Moyen Age pouvaient se targuer d’être très supérieurs aux païens
des époques antérieures en invoquant les vérités qu’ils tiraient de l'autorité
de la Bible. Des vérités définitives. L’air de rien, nous faisons exactement de
même en estimant que nous sommes très supérieurs aux époques passées dans les
« vérités définitives » que nous appuyons dans le
consensus alimenté par les
médias. Psychologiquement nous
n’avons pas changé notre relation aux croyances
collectives, ce qui à changé, c’est leur nature et l’autoritéinvoquée.
Parfois un peu légère. Les petites phrases des politiques et des stars du
showbiz colportées à titre de vérité. Mais attention, quand l’opinion s’abreuve
de science et de technique, elle a aussi tendance à voir du « définitif » un peu
partout. Alors que les
scientifiques eux-mêmes sont bien plus prudents et
loin de prétendre être en possession de « vérités définitives ». Il va
falloir y revenir. De même, la technique jouit à
l’heure actuelle d’un tel ascendant que toute argumentation qui en provient
reçoit dans l’opinion un accueil soustrait à la critique. Du coup, les
fabulations les plus inquiétantes sont admises sans
discernement. Voyez ce que nous avons examiné au sujet
de
l’homme augmenté. On ne règle pas tous les problèmes
à coup de technique. Les vraies questions sont
existentielles,
morales et politiques et
on ne peut les balayer avec des solutions
technique « définitives » avant même de les avoir posées. Et quand on les
pose, on est loin d’avoir des réponses « définitives » !
2)
Considérons maintenant de plus près la vérité. Une
explication peut être
provisoire, mais la
vérité
pour être vérité ne doit-elle pas être définitive ? Dire la vérité,
s’exprimer de manière cohérente et la
cohérence c’est déjà un caractère définitif. Dire la vérité, c’est dire les
choses telles qu’elles sont. Un énoncé est vrai si ce qu’il affirme
correspond bien à ce qui est, à la réalité.
« Il est vrai que ». Il est faux quand ce qu’il dit n’a pas de correspondance
dans la réalité. « Ce n’est pas vrai que ». Mettons pour faire simple : qu’il y
a huit chevaux place des Quinconces à Bordeaux. Je vais vérifier sur place et
j’ai une réponse à une question précise qui est définitive. Et
nous pourrions répéter l’analyse pour toute question dont nous attendons une
réponse qui soit vraie. Donc, en un sens, la vérité a bien un caractère
définitif ou bien elle n’est pas la vérité du tout. Cela veut dire qu’un énoncé
conforme à la réalité est alors considéré comme recevable de manière
universelle par tout esprit en
possession de sa raison. Que la vérité soit définitive
- dans ce sens précis - implique par conséquent que l’esprit doit s’incliner
devant le vrai. Ce n’est pas que l’humiliation lui soit imposée, mais la
reconnaissance de la vérité impose l’humilité. Seul un esprit humble peut
reconnaître la vérité. Pas un esprit imbu de lui-même qui est surfait dans ses
opinions et n’est pas prêt à se livrer à une
investigation sérieuse. A une ouverture
à la vérité. L’esprit est capable de reconnaître la vérité s’il la voit et
commence alors à comprendre.
L’énonciation qui dit ce qui est, dans un contexte précis et des
circonstances précises, n’est pas susceptible de changer pour autant qu’elle est
vraie. Sinon ce ne serait pas la vérité, mais une opinion qui a été
provisoirement considérée comme vraie. L’opinion
peut sans contradiction être un girouette, mais pas la vérité. C’est le
discours de l’esprit prisonnier dans la Caverne
qui discute avec d’autres esprits prisonniers et s’entend avec eux sur quelques
généralités au sujet des ombres, les apparences,
qui passent sur le mur du fond. Il pourra changer au gré des influences.
L’esprit qui se dégage de l’opinion et voit ce qui est la
cause du reflet qu’il voyait sur le mur en sait d’avantage et il est
plus près de la vérité. Non seulement il est capable d’en apprendre
d’avantage, mais il peut partager ce qu’il sait avec d’autres, de sorte que la
connaissance fait entrer dans un ordre universel qui ...
3) Sinon à
quoi bon parler de science ou de connaissance ? Sur quoi pourrions-nous nous
appuyer pour fonder un discours quel qu’il soit ? Nous admettons tous qu’un
jugement pour être valide ne doit pas est enfermé dans l’exclusivité d’un point
de vue individuel (relativisme
subjectif). Celui qui dit :
« c’est ma vérité à moi, pas la vôtre », eh bien parfait
qu’il se la garde ! Cela ne nous intéresse pas, ce qui nous importe c’est la
vérité pour autant qu’elle transcende les individus particuliers qui
l’expriment, car si une chose est vraie, elle ne doit pas seulement selon « mon
point de vue à moi ». Elle participe de l’universel.
La vérité du monde, la vérité de la
vie et celle de l’esprit
ne peuvent pas non plus s’enfermer dans un cadre purement temporel (relativisme
historique). On n’atteint pas
le vrai en alignant à la queue leu leu les opinions successives de chaque
époque, mais en étant sensibles aux
convergences, même si en effet chaque époque a son langage. Il est
en est de même au sujet des sciences humaines (relativisme
culturel). La vérité de l’humain
ne saurait être éparpillée entre des « cultures »
comme dans des tiroirs séparés, sans que l’on soit attentif à ce qui nous est
dit en profondeur par chacune d’elle sur la richesse
de l’humain.
Deux positions exemplaires : D’abord celle des mathématiques. Le mathématicien n’est certainement pas prêt à relativiser à tout va, il se sent contraint par ce qu’il découvre à titre de propriétés et de relations. On n’a pas le droit de dire n’importe quoi sur les idéalités mathématiques. Il y a bien des énoncés vrais, des calculs qui sont justes, des démonstrations pertinentes et des vérités définitives. C’est à partir de là que tout simplement peut exister une discipline. C’est le corps des vérités définitives qui constitue l’essentiel de l’enseignement des mathématiques et c’est le cas pour toutes les autres disciplines. Sinon comment le professeur pourrait-il corriger une copie ?
Le physicien se prononce avec la même rigueur, mais quand au traitement inflexible que l’on doit opérer sur l’expérimentation. Il est astreint à une contrainte très différente. Il ne faut pas confondre la physique et les mathématiques. La place réservée à l’expérimentation (dans un accélérateur de particules) et l’observation (des étoiles en astronomie), est fondamentale en physique. Si le protocole expérimental est correct, si l’expérience est refaite des milliers et des milliers de fois et que toujours on parvient aux mêmes résultats, alors la loi qui encadre le phénomène a valeur de vérité définitive. Et attention : c’est ce dont ne doute aucun ingénieur, aucun technicien qui tous tablent sur les vérités définitives qui fondent leu pratique. La technique s’appuie sur un savoir qu’elle n’est pas là pour discuter. Le technicien ne se pose que des questions très limitées. Il sait qu’avec les lois de Newton on peut envoyer des satellites dans l’espace. Il sait qu’avec la mécanique quantique ont peut fabriquer des semi-conducteurs. En retour, puisque cela marche, il pense que la physique est effectivement en possession de vérités définitives. Il ne va pas se torturer l’esprit avec les questions redoutables que se posent les physiciens. Dans l’enseignement, comme dans la pratique, il admet la science comme un corps de vérités définitives. Dans la majorité des cas il ignore les débats internes. Il faut le noter aussi : l’enseignement des sciences ne laisse pratiquement pas de place au doute, c’est tout juste s’il est fait mention de l’histoire des découvertes scientifique. Le résultat c’est que l’élève au sortir de ses études secondaires, est convaincu que la physique est une vaste construction de vérités définitives !
Il est temps de reprendre la question des sciences comme fournisseur attitrées de vérités définitives ! Ce n’est pas parce que nous sommes les derniers à parler après un défilé d’orateurs que pour autant nous sommes en possession de vérités définitives. d'autres viendront après nous dans l'histoire des sciences. De plus, il ne faut pas confondre l’explication d’un phénomène, par exemple la diffraction de la lumière dans un prisme, ou de manière plus complexe, une théorie, avec la vérité. Popper avait coutume de dire qu’une théorie est comparable à un filet que l’on jette sur l’océan. On attrape un certain nombre de poissons (les faits) mais pas tous. Il est possible de fabriquer un filet avec des mailles plus serrées (une meilleure théorie). Mais cela peut continuer indéfiniment : c’est exactement cela l’histoire des sciences. Il faut comprendre que par nature une explication scientifique est limitée et provisoire, car il est toujours possible d’en produire une autre qui serait meilleure. Il faut donc être conscient du caractère étrange des théories scientifiques et de la limitation de notre savoir.
1)
Revenons sur un exemple. Au Moyen Age, à la vue des brins de paille attirés
par l’ambre les érudits pouvaient dire : « la paille est attirée par l’ambre,
parce qu’elle veut boire ». Cela fait sourire pour nous autres qui avons joué à
frotter une règle pour attirer des bouts de papier. Nous connaissons
l’électricité statique et
disposons ainsi d’une explication suffisante et bien meilleure. On dira que la
première n’est pas scientifique, mais que la seconde l’est.
Ce n’est pas tout à fait exact si on prend « scientifique » au sens large. Les érudits, les alchimistes ne lançaient pas en l’air leur explication, ils se fondaient sur toute une métaphysique lointainement tirée d’Aristote. Une vision du monde très complexe. Et chaque époque a sa vision du monde qui mérite d’être comprise. Par contre, le fait est que nous vivons dans une culture qui parle le langage de la science et de la technique, non celui de la religion comme au XVIème, ou de la philosophie, comme au VIème siècle avant JC en Grèce est très significatif. Nos paradigmes sont différents.
Nous avons acquis depuis les Lumières un paradigme de ce que peut être une explication recevable, pour la distinguer d’une autre qui de l’est pas. C’est la victoire extraordinaire de Galilée, (« les faits sont têtus ») comme celle de Pascal, l’idée du raisonnement expérimental capable d’apporter la preuve de la pertinence d’une hypothèse. Capable aussi de la mettre en déroute si elle est fausse.
Nous n’allons pas
ici réexposer toutes ces questions. En rappel : « s’il
existe bien une
pression atmosphérique, plus on monte en altitude, moins elle
devrait être forte, puisque la colonne d’air sera plus faible, donc si on
utilise un dispositif gradué avec du mercure… on devrait observer que... Or
l’expérience faite on remarque que… donc… » ... confronter
l’explication avec les faits qui lui correspondent sous le régime de
l’objectivité, si on veut pousser plus loin, il faut parler de
paradigme mécaniste pour mieux comprendre ce
modèle. Une bonne explication, c’est donc une explication conforme à notre
modèle, une explication objective et elle sera d’autant meilleure qu’elle
sera rigoureusement mécaniste. Mettons que si
le psoriasis se développe sur la peau, ce doit être suite à un dérèglement du
système de reproduction des cellules. Explication scientifique qui, pour rester
mécaniste, tente d’exclure les facteurs subjectifs (l’anxiété).
Les succès obtenus à
l’intérieur du paradigme mécanistes ont été immenses. Ils ne concernaient que le
domaine de l’extériorité factuelle (quadrant SD),
mais ils ont été si grands que la tentation depuis la Modernité a toujours été
de calquer la démarche de la physique dans chacune des sciences. D’où l’élan du
positivisme qui attendait de
toutes les sciences des « explications » aussi rigoureuses et aussi
« définitives » que celles de la physique. (texte) A l’époque, on y croyait dur comme
fer. L’enthousiasme était tel qu’au XIX è siècle dans les manuels de physique,
alors reine des sciences, il était dit qu’après
Newton la
science
n’avait plus qu’à tirer des conséquences. On croyait très fort dans les
« vérités définitives » que Newton avait établies. Après Descartes l’univers
devenait géométrique, avec Newton il était ordonné par la mécanique céleste qui
devait tout régir dans un déterminisme intégral. On
croyait vraiment avoir quasiment achevé le savoir, ou on pensait que l’on était
sur le point de le faire. Il en résultait dans l’esprit de l’époque un
incroyable dogmatisme dans l’usage de l’explication scientifique
qui a été plus tard appelé par les critiques le scientisme. Le
dogmatisme consistant à identifier une explication ou une théorie scientifique
avec la vérité, qui à la faire passer subrepticement pour définitive.
2) L’ironie de l’histoire – le rappel à l’ordre la vérité - est que dans les premières décennies du XXème siècles allaient apparaître une pléiade de remises en question radicales dans tous les domaines des sciences où l’on prétendait autrefois s’appuyer sur des « vérités définitives ». Y compris le modèle de la physique de Newton. Une succession de crises qui allait installer durablement au cœur des sciences la fin des certitudes. Les énumérer toutes serait un peu long et fastidieux. Arrêtons-nous sur quelques idées fortes.
- Le premier séisme
qui a secoué la physique a été le tour de force
génial d’Einstein qui a démontré de manière éclatante que l’on pouvait se
débarrasser des soi-disant « vérités définitives » établies par Newton sur la
nature de l’espace et du temps jusqu’à carrément donner une explication
complètement différente de ce qui constituait le noyau de sa théorie, la
gravité. Non seulement cela, mais il devenait impératif de réunir des pans
entiers de la physique que Newton ne connaissait pas encore concernant les trois
autres forces à l’œuvre dans l’univers. Il faut lire les réceptions de l’époque.
Einstein traité de charlatan. Du sabotage de ce que l’on pensait admis de
manière définitive. La relativité
ne vient pas rempiler par-dessus Newton. Elle remet en cause jusqu’aux principes
acceptés par Newton. Le second séisme en physique dont l’onde de choc est
toujours à l’oeuvre est l’apparition de la
mécanique quantique. Qui a été
encore plus destructrice à certains égard de l’ancien
paradigme mécaniste en
s’attaquant de front à
l’idée même de l’objectivité forte, et au principe du déterminisme de
Laplace. La correspondance entre les physiciens dans
les années 20 est éloquente. Ils ont l’impression que le sol se dérobe ...
- Dans la foulée la crise va s’installer au milieu des mathématiques qui passaient autrefois pour le royaume de l’entente parfaite. On remet en cause l’intuition au sens de Descartes. Les mathématiques tentent de se bâtir un système cohérent avec Hilbert et le projet échoue avec Gödel quand il devient évident qu’aucun système de peut englober la totalité de la vérité. On peut présenter les constructions des mathématiques comme des règles dans un jeu, mais cela n’explique pas tout. Le doute se répand, alors que jusque là, on avait confiance dans un ordre de vérités définitives. Mais si ce n’est qu’un jeu d’esprit ?
- Nous avons déjà vu
que le théâtre des sciences humaines a lui aussi été
traversé de ruptures et de scènes de rebondissements. Comte avait condamné
jusqu’à l’existence d’une psychologie et c’est un
bouquet de psychologies nouvelles qui sont apparues.
Avec des perspectives très éloignées de la vision moderne. A la modernité est né
le concept du sujet rationnel s’affirmant lui-même par l’exercice de la pensée.
On a lu Descartes en croyant que dans le cogito, « je pense donc je suis », le
pôle principal était « je pense » et non pas « je suis », mais voilà que,
toujours dans la même période, la psychanalyse
a porté des coups sévère à cette idée monolithique d’un sujet rationnel. La
pensée rationnelle n’était plus que la
pensée
de surface, en dessous roulait des courants subconscients ... Freud révélait les
forces du refoulement. Les dimension cachées de la psyché. Du coup c’est
carrément la vérité définitive du sujet pensant rationnel qui était attaquée.
- L’anthropologie a du sortir douloureusement de l’occidentalo-centrisme, et mettre à jour un certain racisme pour apprendre à regarder le pluriel de l’humanité. C’est le mérite que l’on reconnaît à Lévi-Strauss et ce qui fait l’intérêt de Tristes Tropiques. C’est l’idée de l’homme des classiques qui a cessé d’être définitive.
La discipline historique a vu l’échec de l’entreprise positiviste. Voyez le très bon livre d’Henri Irénée Marrou De la connaissance historique. L’histoire s’est réinventée en tournant le dos aux vérités définitives que lui avait imposé un positivisme écrasant.
- L’économie a eu sa période classique dans la lignée d’Adam Smith et de Ricardo. Pour ensuite être sévèrement attaquée depuis Marx jusqu’aux alternatifs contemporains.
3) Bref, si nous devions prendre ensemble le savoir élaboré à la fois par les sciences de la Nature et les sciences humaines depuis la Modernité, pour nous demander si nous avons par lui acquis des « vérités définitives » nous nous retrouverions dans une situation très embarrassante. Qui n’a plus rien à voir avec le dogmatisme des positivistes de XIX ème. On a certainement autant détruit des prétendues « vérités définitives » qu’on en a découvert de nouvelles. Personne n’oserait aujourd’hui se pavaner en arborant des "vérités définitives" acquises dans les sciences. Le langage a fini par en témoigner, à l’usage du mot « savant » du XIX ème, aujourd’hui modestement on préfère « chercheur ». La nuance est subtile. Un « savant » peut se hausser du col et prétendre aux vérités définitives, un chercheur comprend qu’au fond nous savons peu de choses, que l’étendue de ce qu’il nous reste à découvrir est immense, qu’il ne faut pas demander à la science d’être une métaphysique et encore moins une religion. Et nous ne sommes pas au bout des remises en question. Par exemple on a pendant longtemps tablé sur l’opposition brutale entre la bêtise de la bête et l’intelligence de l’homme. Les études contemporaines en zoologie refusent à ce genre d’opposition trop idéologique. On a fait tomber beaucoup de ce que l’on croyait « le propre de l’homme ». Des murs de séparation entre nous et l’animal.
Enfin, un élément
nouveau est abordé de manière magistrale par Ken Wilber.
Le paradigme dominant du savoir depuis la Modernité ne concerne que le secteur
supérieur droit SD, des
quatre quadrants dans lesquels nous pouvons faire figurer les éléments de la
connaissance humaine. Nous avons fini par comprendre que la méthodologie
propre au domaine intersubjectif IG est par
nature interprétative, (texte) le modèle Galiléen est complètement impropre en
linguistique, en histoire, en ethnologie etc. Il est complètement inepte en ce
qui concerne l’exploration de la conscience, le quadrant dit subjectif
SG. Il
n’est
pas non plus adapté à ce qui concerne la théorie des système
ID, comme en écologie. C’est donc l’idée même
de « l’explication » et de théorie qui doit être changée suivant que l’on
se place dans l’un ou l’autre des quatre points de vue distingués par
Wilber.
Ce qui nous amène à une conclusion en direction de la question posée : si on se demande « y a-t-il des vérités définitives », implicitement, c’est en suggérant qu’il ne doit pas y en avoir beaucoup. Pourquoi ? Nous venons de répondre. L’histoire du savoir en Occident ne s’est pas révélée comme une conquête volant de certitude en certitude. Nous n’avons pas moissonné les champs du savoir pour remplir des greniers de vérités définitives. Nous n’avons pas cessé de découvrir pour être aussitôt confrontés à nos erreurs. Nous ne savons même pas ce qui peut être conservé sans être demain complètement remis en cause. Nous voyons que la science est embarquée dans un processus dialectique. (texte) Popper dit carrément qu’une bonne théorie scientifique est mortelle et mortelle parce que scientifique ! Cela n’empêche pas pour autant la puissance technique d’exploiter toute ce qu’elle peut exploiter. Le technicien croit seulement dans la technique et il vise l’efficacité. Il a sa vérité définitive dans sa foi dans le progrès technique. Où il nous mène ? On ne sait pas, mais on y va au pas de charge. Condorcet chevillé au corps. C’est le fil conducteur de notre civilisation. (texte)
En
résumé : Il y a une différence entre l’idéal
de la vérité et sa réalisation sous la forme d’un
savoir scientifique. De même, rechercher le vrai et croire le
posséder dans des « vérités définitives » ne se confondent pas. Il faut
distinguer la recherche du vrai et le
dogmatisme qui prétend le posséder et veut l’imposer. Pensons à
l’héritage sinistre de l’Inquisition et aux guerres de religions qui ont sévi en
Europe. La forme dialectique, progressive et même évolutive du
savoir scientifique,
exclut l’idée qu’il puisse produire des vérités définitives. L’attitude
dogmatique sur le terrain des sciences est une aberration. Nous en savons
d’avantage sur le monde qu’il y a un siècle, c’est certain, mais que nous soyons
dans les sciences en possession de vérités définitives, c’est tout à fait autre
chose. Mais il reste une possibilité. Ouverte dans la distinction entre science
et métaphysique. Aldous
Huxley aurait dit entre la science et la philosophia perennis,
La Philosophie éternelle. Un de ses livres.
1) Mais les plus nihilistes, ... En bagarre contre les vérités définitives, ils diront : « à quoi bon… » et invoqueront l’absence de certitude. On peut d’ailleurs se demander si à notre époque, l’acharnement à vouloir détruire jusqu’à la recherche de la vérité n’est pas symptomatique d’un profond déclin. Un effondrement de l’esprit. Le relativisme poussé à l’extrême. Qui se marie très bien avec l’indifférence et se conjugue à la perfection avec le consumérisme ambiant. A force de se moquer de tout, à force de tout relativiser, élevé dans un monde dominé par la pub, la vérité n’est rien de plus qu’un slogan de marque sur une affiche. Une déclaration en l’air qui en vaut une autre sur la prochaine affiche. Donc, il n’y a plus de vérités ni d’erreurs, il n’y plus de valeurs, mais des mots jetés en l’air et des prix. ... Maintenant, il nous faut aussi comprendre que le nihilisme enveloppe une contradiction : si je dis qu’il n’existe pas de vérité définitive, cela vaut bien sûr pour ce que je viens de dire ! L’idée qu’il n’y a pas de vérité définitive ne peut pas être une vérité définitive ! De manière étonnante, c’est une position relative qui n’exclut pas l’Absolu.
Essayons d’aller plus loin. Commençons par rappeler une très puissante vérité métaphysique : dans le monde relatif, tout change et tout change toujours. Ce monde relatif, c’est celui de la Caverne de Platon, celui du changement constant qui affecte l’apparition des phénomènes. Non seulement les apparences sont toujours en changement, mais le Devenir affecte toutes les formes, car toute forme apparaît et finit par disparaître. Aussi bien les choses qui nous entourent que nos pensées qui vont et viennent, que les bâtiments qui nous entourent, les entreprises, les créations humaines, la planète dans son ensemble, le soleil et l’univers tout entier. Le monde relatif est phénoménal, et comme nous l’avons vu le déploiement de la phénoménalité est celui de l’espace, du temps et de la causalité. Ce qui structure une existence concrète. Tout ce qui existe dans notre univers tridimensionnel est inscrit dans la phénoménalité, comme chaque vague apparaît telle une ride sur l’océan. Il n’y a rien à y faire, nous ne pouvons pas y échapper et la loi est universelle.
Si nous prenons en considération le temps, nous voyons que tout change et que tout change toujours. C’est très paradoxal. Il y a donc bien une vérité qui ne change jamais, c’est que l’Univers est un dynamisme infini. L’Univers à la fois supporte et entraîne toutes les formes de l’existence relative, aucune ne peut échapper à la loi du temps. C’est toujours vrai. « Oui, mais on dit dans les publicités que le diamant est éternel ! ». Désolé, mais prenez en considération le cosmos, sa durée et ses cycles. Rien n’échappe au temps. C’est définitif dans un sens radical. Métaphysique.
Mais nous
voyons qu’ici le terme « définitif » dans « vérité définitive » ne peut se
comprendre comme une explication ... C’est tout le
contraire. La vérité
du Devenir pointe vers ce qui est éternellement actif,
vivant, dynamique, toujours en renouveau, en constante
création et cocréation.
Nous avons sans y prendre garde mis la
main sur une réponse cette fois positive à notre question initiale : une vérité
métaphysique définitive. Et il est possible de développer. Si le
fleuve du Devenir est changement continuel des formes, ce qui le porte est le
toujours qui en maintient la loi, c’est ce qu’en métaphysique nous
désignerons par un mot : l’Être. L’Être est tel le niveau
silencieux et immobile de l’océan, tandis que les vagues sont le niveau agité,
perpétuellement en mouvement de la phénoménalité du Devenir. Il y a des degrés
depuis le niveau agité de surface aux niveaux silencieux, certains auteurs
diront une échelle de l’Être,
depuis
l’Esprit pur, qui transcende la phénoménalité, vers la matière.
Chaque fois que nous connaissons une chose pour vraie, nous accédons à ce qui ne change pas, nous pouvons dire que chaque fois que l’esprit découvre le vrai, il se trouve sur le seuil de l’intemporel. Il ne reste plus qu’à se mettre en marche, aller à vers Vérité de toute son âme comme dit Platon. Spinoza va très loin dans la perspective métaphysique disant que connaître vraiment, c’est connaître toutes choses sous l’angle de l’éternité.
Pour Huxley, et il reprend en fait un mot de Leibniz, (texte) la philosophia perennis, la philosophie éternelle est le creuset de la tradition primordiale où conduisent ultimement toutes les grandes métaphysiques de l’humanité. Le lieu vivant où elles puisent leurs intuitions fondatrices - Quelles que soient leur origines culturelles, leur formes devenues plus tard statiques en tant que religions, ou bien figées dans des systèmes philosophiques aux allures hermétiques -. La Connaissance vraie provient d’une source unique, ce sont les chemins pour y parvenir qui sont multiples. La philosophie éternelle est domaine où s’ouvrent les vérités définitives qui concernent la nature de l’Absolu, de l’esprit, de l’âme et du corps, de la matière, de la vie, de l’espace et du temps. C’est la substance même des écrits spirituels de l’humanité. (texte)
2) Et c’est aussi le noyau intuitif des plus grandes philosophies. Nous avons rendu hommage à Descartes dans une leçon précédente, nous pouvons revenir brièvement sur le cheminement des Méditations métaphysiques. Nous avons vu que l'enquête de Descartes visait la découverte d'une vérité qui échappe au doute, d'une première certitude à partir de laquelle il deviendrait possible fonder l'édifice du savoir. N’est-ce pas un sens parfaitement recevable de l’idée de vérité définitive ? Rappel :
Peut-on la trouver au niveau du témoignage sensoriel ? La rame du bateau plongée dans l’eau paraît cassée, mais en vérité elle ne l’est pas. Une tour peut de loin paraître ronde et s’avérer carrée quand je m’approche. Le soleil d’été semble plus gros à l’horizon qu’il ne l’est au zénith et pourtant le soleil ne change pas de taille. Les sens peuvent donc être le siège d’illusions et d’erreurs. Le témoignage sensoriel doit parfois être redressé par la raison. La croyance qui ne s’attache qu’à l’apparence peut être erronée.
Ce sont mes sens qui
me disent que je suis dans cette pièce éclairée, mon corps est bel et bien là.
Je ne peux pas nier que ces mains soient à moi. Si je le fais, je suis tout
aussi détraqué que le fou qui se prend pour un arbre ou une cruche. Est-il
raisonnable de douter jusque là ? Pourtant, « chaque nuit j’ai coutume de dormir
et de rêver ». Je pourrais fort bien
rêver que je suis dans cette pièce à la même place, en train de faire les mêmes
choses, alors que je suis en réalité tout nu dans mon lit. J'aurais le même
sentiment. Où serait la différence ? Je peux me dire : « tout de même, je sens
bien que cette table est réelle, je peux taper dessus et me faire mal, ce n’est
pas un rêve ». Je pourrais ajouter qu’il me semble bien maintenant que mon
esprit est clair et tout à fait vigilant.
Seulement, on ne peut pas se contenter
d’un "sentiment de réalité". Pendant le rêve, le rêveur
croît à la réalité du monde du rêve
tout aussi fermement que je crois à la réalité dans a veille. Le rêveur éprouve
des vécus qui lui semblent réels. Il se pourrait donc que la
réalité posée à de
l’état de veille ne soit qu’un rêve
bien lié. Le rêve est d’ordinaire bien faible par rapport à l’état de veille :
car il est incohérent. Parce que le rêve est incohérent, je puis en tirer l’idée
qu’au fond, il ne fait que parodier un ordre réel, celui du monde de la vie dans
la veille. La réalité va avec la cohérence. La réalité est donc posée par
la logique. Cela signifie que du côté du réel il y a un ordre dont il est
possible de rendre compte. Ce sont les mathématiques qui, dans le nombre, ont
l’ordre pour objet. Étendons cette idée et nous en viendrons alors à penser que
la physique, l’astronomie, l’arithmétique et la géométrie nous placent peut être
dans un ordre définitif de vérité.
Sommes-nous avec les sciences tirés d’affaire ? En présence de vérités définitives ? Nous avons vu que non. Descartes va jusqu’au doute hyperbolique. En effet, s’il existait un magicien cosmique il « se pourrait bien qu’il n’y ait aucune terre, aucun ciel, aucun corps étendu, aucune figure ; aucune grandeur, aucun lieu et que néanmoins, j’ai les sentiments de toutes ces choses». Strictement parlant rien ne serait changé dans ma perception et ma représentation, rien dans mon monde soi-disant réel. Et pourtant, corps, figures, mouvements etc., tout cela ne correspondrait à rien dans la réalité. Ils ne seraient que des modes de mon appréhension de la réalité. Je pourrais très bien être en présence que des seules fictions de mon esprit....
... n’y a rien au monde de certain, on peut douter de tout car nous avons des raisons de douter de tout, pousser l’audace à son comble : après tout je suis peut-être moi-même l’auteur de toutes ces fictions, le maître de l'Illusion : « peut-être suis-je capable de les produire moi-même ». Ce qui veut donc dire au moins que de toute manière, je suis en tant que sujet et sujet à des fictions. Que l’on invente toutes les illusions que l’on voudra, des illusions d’optiques aux illusions sociales, psychologiques etc., ce qui reste toujours vrai, c’est que ces fictions se rapportent à un être qui les pense. Le je du je suis est le foyer autour duquel gravitent toutes les représentations. Je suis est la première des certitudes. L’opinion admet que le plus certain, c’est ce que l’on peut toucher de la main, cette table ici par exemple. Elle ne voit pas qu’il y a d’abord une Conscience capable d’être affectée et de toucher la table. Ce qui a définitivement le plus de vérité, ce n’est pas la chose, mais la Conscience qui pose la chose. Le je suis est d’une invincible certitude. Il faut partir de l’essentiel, je suis, de la conscience de soi. Elle ne peut être niée et elle précède tout le reste. Ainsi le cogito constitue une vérité définitive et nous voyons clairement qu’il s’agit d’une intuition métaphysique. D’une percée vers l’Esprit comme dit Stephen Jourdain. C’était le fondement dont Descartes avait besoin pour repenser l’édifice du savoir.
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Terminons. Oui, il existe bien des vérités définitives, mais plutôt sur un plan métaphysique. Pas nos opinions brutale et arrêtées, celles que l’on voudrait imposer à d’autres, pensant que nous sommes le seul à avoir raison, tandis que les autres ont tort. Pas non plus les dernières explications et théories scientifiques qui sont des constructions mentales révisables, susceptibles d’être affinées dans un progrès continu et dialectique. Il existe des invariants auquel se heurte l’esprit, mais nous ne pouvons jamais considérer notre savoir comme définitif, même quand il parvient à formuler des lois. Il reste très limité. Nous devons nous habituer à l’idée que, d’un point de vue scientifique, toute avancée du savoir fait en même temps progresser notre ignorance en la révélant.
La leçon qu’il faut en tirer est que décidément, le dogmatisme n’est pas de mise et que la seule attitude juste dans la recherche de la vérité est l’humilité. La prudence. Le dogmatisme produit des esprits bornés et du fanatisme. Le progrès du savoir demande impérativement de ne jamais considérer la vérité comme un dogme.
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© Philosophie et spiritualité, 2014, Serge Carfantan,
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